C'est dans un contexte marqué une digitalisation des médias qu'intervient la réforme de l’audiovisuel public souhaitée par le gouvernement.
Représenté par France TV, Arte, l’INA, RFI, France 24, TV5 Monde et Radio France, le secteur audiovisuel public français emploie 18 000 salariés et mobilise un budget annuel de 4,3 milliards d’euros. Le secteur est constamment exposé à des mutations et des transformations, comme c’est le cas notamment aujourd’hui avec l’avènement du numérique et la vague de digitalisation qui n’épargne aucun secteur. C’est dans ce contexte qu’intervient la réforme présentée, début juin, par Françoise Nyssen, Ministre de la Culture. Le secteur audiovisuel privé n’échappera pas non plus à cette réforme, afin que les entreprises du secteur puissent adapter leurs offres aussi bien aux « digital natives » qu’aux générations plus âgées.
Une réforme pour s’adapter au numérique
Le secteur de l’audiovisuel public est ainsi encouragé à développer de nouveaux formats adaptés à l’ère numérique. Pour ce faire, les 6 sociétés publiques alloueront ensemble entre 100 et 150 millions d’euros supplémentaires dans le numérique chaque année et jusqu’en 2022. Quant à la chaîne publique France 4, elle quittera le réseau TNT pour recentrer son offre jeune public sur les flux numériques (ADSL et Fibre).
La réforme donne une importance particulière à l’éducation et aux jeunes. Ainsi, début 2019 sera lancé un nouveau média commun pour les 15-30 ans, avec des contenus de France Télévision. Les élèves, auront droit à une plateforme éducative sur le modèle de la BBC, afin de les aider dans leurs révisions et leur apprentissage, grâce à des vidéos et des programmes courts.
L’un des changements annoncé, l’arrivée d’une plateforme commune de décryptage des fausses nouvelles, hébergée sur le site de franceinfo depuis le 6 juin : « vrai ou fake ? ». Elle contient des productions de différents médias audiovisuels, notamment Arte, France Médias Monde, France Télévisions, Radio France ou encore TV5 Monde.
Remettre la création au cœur de l’audiovisuel
Au-delà de s’adapter aux mutations du secteur, l’enjeu pour l’audiovisuel public est de « les enrichir, les anticiper, les susciter », martèle la ministre de la Culture. Le gouvernement veut ainsi « sanctuariser » le budget de la création cinématographique et audiovisuelle, dont le montant annuel sera maintenu à 560 millions d’euros. L’audiovisuel public doit par ailleurs proposer des offres numériques communes à l’ensemble des sociétés qui le composent. Il est ainsi prévu de créer un média des arts et de la culture commun qui rassemblera des centaines d’heures de captation, des podcasts, des web-séries dans des formats qui se veulent innovants. Ce projet devait être lancé en juin mais a été reporté.
Arte, la chaîne franco-allemande, se prépare aux nouveaux modes de consommation de la télévision, avec une stratégie d’hyperdistribution. Véronique Cayla, la présidente d’Arte, compte transformer la chaîne pour devenir un « groupe numérique » à part entière. Ces dernières années, la chaîne a ainsi amorcé une stratégie axée sur le numérique, avec une logique d’« hyperdistribution » de ses contenus sur les différents réseaux sociaux et plates-formes (Youtube, Instagram, Facebook, Molotov etc.). Dans un contexte où le ministère de la Culture veut voir plus de numérique dans le paysage audiovisuel public, notamment en basculant France 4 sur Internet, Arte a donc pris une bonne longueur d’avance sur ce plan.
Publics comme privés, les médias français, notamment audiovisuels, font face au même combat, à savoir réussir la transition vers le digital. L’école ISCPA, consciente de cet enjeu stratégique, propose à ses étudiants des formations en journalisme, en communication et en production à même de les préparer à prendre le virage digital et numérique avec confiance et ambition !